Zoom sur votre camelot
Zoom
sur Annie
Nom :
Annie Lambert
Camelot
n° 1541
Âge :
43 ans
Lieu
de vente : Longueuil
Au
moment où L’Itinéraire s’est développé à Longueuil, Annie ne
pensait pas pouvoir faire partie du projet. « Je
n’ai jamais vécu dans la rue. Oui, j’ai déjà fait du couch
surfing, mais j’ai toujours eu un toit et une adresse où recevoir
mon courrier
». Bien qu’elle n’ait jamais connu l’itinérance, Annie est
passée par bien des épreuves avant de devenir la femme forte
qu’elle est aujourd’hui.
C’est
à l’âge de 18 ans qu’Annie reçoit son premier diagnostic de
santé mentale : la bipolarité. Peu de temps après, elle
consulte un second psychiatre qui ne reconnaît pas le pronostic
précédent. Des suites de ces incohérences médicales, elle
recherche du soutien dans des groupes d’entraide alternative. Elle
y trouve alors un dépliant l’informant que l’alcool possèderait
le même décompresseur du système nerveux central que ses
médicaments. Annie décide donc d’arrêter sa médication et
choisit l’alcool comme remède à son problème. « Oui,
ça a aggravé ma consommation d’alcool, mais ça faisait déjà
longtemps que j’avais un problème. À l’âge de 16 ans, je me
servais dans l’armoire à alcool de mon père et je buvais des 40
onces par soir
».
Le
point culminant
À
24 ans, alors qu’elle occupe un poste d’intervenante en centre de
ressource intermédiaire, Annie se rend compte de son problème
d’alcool : « Un
soir, je donnais la médication à mes gars, pis j’étais trop
faite pour ouvrir leur dosette. Mais j’ai un grand sens du devoir.
J’ai appelé une amie pour qu’elle vienne me remplacer. Ça a
sauvé ma job
». Le lendemain, elle se rend à une réunion des Alcoolique
Anonymes. Par la suite, elle rentre en centre de désintoxication,
puis consulte de nouveau un psychiatre. Elle est alors diagnostiquée
alcoolique et libérée sous liberté non conditionnelle. « Non
conditionnelle, car tous les diagnostics précédents ont été
effacés de mon dossier. Il n’y avait plus de trace de trouble
mental dans celui-ci. »
Un
problème n’en attend pas l’autre
Après
s’être guérie de sa dépendance, Annie retourne travailler dans
les centres de ressource intermédiaire. Nouvellement transférée
dans un foyer d’hébergement pour personnes atteintes de problèmes
de santé mentale, elle fait face à un patient qui menace de faire
un braquage. Après une intervention de la police, tout le monde s’en
sort indemne ; ou presque.
Ce
n’est qu’un an plus tard, à l’âge de 35 ans, qu’Annie subit
un choc post-traumatique. La CSST l’oblige à consulter un
psychiatre afin d’être indemnisée. Elle reçoit alors sept
différents diagnostics, dont un syndrome post-traumatique, un
trouble d’anxiété généralisée et un trouble de l’humeur
(cyclothymie). À la fermeture de son dossier, Annie décide
d’arrêter de consulter un psychiatre pour s’orienter vers un
psychologue au privé. Depuis, elle participe à des thérapies du
mouvement par les yeux, qui visent à l’aider à rationnaliser sa
peur, et à des cours d’auto-défense.
Un
retour progressif vers le communautaire
Camelot
à L’Itinéraire depuis le mois de juin, Annie effectue aussi du
bénévolat au sein de plusieurs organismes. Son objectif est de
retrouver un travail dans le communautaire, un domaine touchant sa
formation en éducation spécialisée. « J’ai
toutes les compétences, je suis prête à retourner travailler. Tout
ce qui me bloque, c’est la stigmatisation, la discrimination de la
santé mentale. Je suis ‘‘taguée’’. Je ne peux plus
travailler dans mon métier et c’est ça le plus dur
». Néanmoins, elle ne lâche pas prise et continue de mettre son
pied à terre afin de multiplier ses chances de retour à l’emploi.
Par
Jennifer Pitoscia
Bénévole
à la rédaction
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